XIV° siècle
Introduction
La Rochelle demeure le plus important port français de l’Atlantique, du moins lorsqu’elle est française, puisqu’elle fait l’objet de tractations entre la France et l’Angleterre et change de mains pendant la guerre de cent ans. Elle commence à élever les bâtiments qui sont aujourd’hui son identité.
Histoire
L’administration royale croît dans les premières années mais la commune conserve le rôle principal. Les troubles internationaux n’ont jamais véritablement cessé et la ville se défend des anglais de 1310 à 1320. De plus, par décision de 1334, les échevins sont cooptés par leurs prédécesseurs. La gestion passe par conséquent entre les mains d’une oligarchie hermétique mais d’autant plus loyale à la cité qu’elle est liée à ses intérêts.
Elle se retrouve prise dans les feux de la guerre de cent ans commencée en 1337 quand Edouard III fait valoir ses droits à la succession de Philippe IV, dont il est le petit-fils, après la mort de Charles IV. Elle soutient le roi Philippe VI par une participation financière et à la reprise de villes voisines tombées et subit en 1346 un raid du comte de Derby, lieutenant du roi d’Angleterre en Aquitaine, lors de sa campagne de conquête vers le Nord.
C’est le roi Jean II, capturé par le Prince Noir à la bataille de Poitiers en 1356 puis emmené à Londres, qui engage le sort de la ville. Il est contraint en 1360 de verser une rançon de 3 millions d’écus d’or et de signer le traité de Brétigny en échange de sa libération. Par ce traité, il cède la Saintonge et le Poitou à Edouard III. La Rochelle en fait partie.
En 1224 Louis VIII s’était engagé à conserver La Rochelle française. Cette cession est donc mal accueillie et fait l’objet d’une résistance locale. Les Rochelais ne cèdent et livrent les clefs de leur ville aux Anglais, et encore à contrecoeur, qu’après intervention de Jean II et promesse par le roi d’Angleterre que tous les privilèges seraient maintenus.
Alors qu’à l’occupation du Sud Ouest par l’ennemi, Charles V oppose la politique de la terre brûlée et concentre ses efforts sur la reprise des places fortes, des tensions opposent les Rochelais et la province à Edouard III, notamment à l’occasion d’une levée d’impôt en 1368 qui ne respecte pas les exemptions fiscales jusque là accordées. Edouard III envoie Jean de Hastings à la tête d’une flotte pour mettre aux fers les bourgeois mais le port est fermé et une flotte franco-castillane la détruit.
En juin 1372, la ville est assiégée par Du Guesclin, sur ordre de Charles V. En août, les Rochelais chassent la garnison anglaise de leur ville grâce à une ruse du maire Chaudrier. Il invite le capitaine Mancel à dîner puis lui remet une lettre portant le sceau de l’Angleterre. Mancel est analphabète et Chaudrier prétend lire qu’il doit procéder à une revue de la garnison. Celle-ci sort alors du château et se trouve à la merci de la population qui la désarme.
La ville ne se rend pas pour autant à Du Guesclin. Elle négocie une extension de ses anciennes chartes pour lui ouvrir les portes. En 1373, Charles V confirme ses privilèges, renouvelle sa vocation française, lui accorde une indépendance accrue en créant le gouvernement d’Aunis, scindé de la Saintonge, qui étend son pouvoir sur une banlieue d'une trentaine de kilomètres et lui accorde un droit de milice en qualité de poste clé frontalier.
Il octroie de plus la noblesse aux maires et échevins ainsi qu’à leur descendance. Car si le maire est élu, la gestion de la ville est collégiale. Il n’existe pas de noblesse d’épée locale, mais une noblesse échevine se développe et une élite terrienne apparait par les investissements réalisés hors de la cité.
Au terme d’un an et un jour de résidence, et après avoir prêté serment, tout citoyen peut avoir un rôle majeur, contribuer aux charges et participer au guet et à la défense mais bénéficier aussi de privilèges commerciaux et de libertés. Vers la fin du siècle, une enquête sur les mœurs et la santé s’y ajoute mais l’acquisition de bien nobles et la progression sociale commence.
En 1376-77, des navires rochelais gardent la côte et la ville et des soldats sont fournis contre les ravages de l’Aunis par les anglais avant que les soubresauts s’apaisent temporairement.
En 1399, Richard II, qui guerroie en Irlande, est détrôné par Henri de Lancastre, fils exilé et deshérité de Jean de Gand. Jusqu'au décès du captif Richard, des troubles partisans agitent la région. En France, les crises de Charles VI permettent aux différents partis des régents de se disputer le pouvoir. L’insécurité est toujours latente.
Economie
Les politiques royales, de France comme d’Angleterre, s’expliquent par l’influence de la cité réputée, selon des témoins de l’époque, dans tout le monde connu.
Elle accède à une importance économique capitale grâce à son commerce soutenu de vin et sel et à ses échanges ininterrompus par les troubles politiques avec la Hanse, l’Espagne et la Castille, la Grande Bretagne et les Flandres. Les produits de l’Aunis, la vigne et le vin, sont toujours en vogue.
Le roi d’Angleterre octroie à la cité en 1338 des lettres de sauvegarde qui lui permette des échanges sans risques dans toutes les possessions anglaises, et ce malgré la guerre en cours entre France et Angleterre.
En 1373, un hôtel des monnaies est fondé dans la ville qui n’est plus soumise aux corvées royales. C’est de fait un paradis fiscal, que des taxes locales, nombreuses mais peu élevées, enrichissent encore.
Evidemment, la vie des marins et armateurs est soumises aux aléas : naufrages, conflits ou piraterie. Aussi est-il possible qu’une assurance ait été instaurée dès cette époque sous forme d’un crédit maritime, alliance de capitaux encourageant l’armement des navires et les transactions marchandes.
Plan
Vers 1360
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La dernière extension de l’enceinte primitive est réalisée autour du quartier du Pérot, ouvrant au Sud-Ouest par la porte des Deux moulins ensuite protégée d’une demi lune : le Beau fort.
En 1325, un chenal est tracé dans les marais jusqu’à la moulinette afin de faciliter le transport du vin d’Aunis par les gabarres et une grande boucherie concentre en 1348 l’abattage et la vente des bêtes dans un lieu précis de la ville.
Après la dissolution de l’ordre des Templiers en 1307 à l’instigation de Philippe IV, leur commanderie est prise par les Hospitaliers en 1317. Les Augustins placent leur monastère en plein centre ville, une première église est fondée dans le quartier Saint Nicolas et la chapelle Sainte-Anne, accotée de son cimetière, est bâtie près du château.
Dans le couvent des Cordeliers en 1309 et dans le quartier Saint Nicolas en 1352 s’ouvrent les premières écoles. En 1348, l’hôpital Saint James est bâti et une officialité est établie en 1360.
Vers 1399
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A la suite de la libération de 1372, le château de Vauclair, construit par les anglais qui y défendaient leurs intérêts, symbole de la présence anglaise, est détruit à la demande de Charles V. Ses pierres sont utilisées pour l'édification des fortifications nouvelles qui rendent la place imprenable. Le maire, anobli, marque ainsi une indépendance qu’aucun roi ne lui conteste finalement. Charles V promet du reste que plus jamais une citadelle ne sera imposée à la ville.
L’enceinte de murs ceinturés de fossés et de marais et semée de hautes tours inclus désormais le nouveau port sis à la place du
havre, cerné de murs creusé de petites portes. Le symbole local, 
l’entrée portuaire, est réalisé.
La 
tour Saint Nicolas, saint patron des pêcheurs, est la première tour bâtie. Initialement dressée sur pilotis et
isolée, elle est rebâtie au milieu du siècle et achevée en 1373. De forme irrégulière, elle est composée de grandes salles
superposées, percée d’oculus utilisés pour l’avitaillement et la défense et héberge les soldats chargés de la garde.
La 
tour de la Chaîne est ensuite achevée en 1390. Elle est rapidement flanquée de la petite tour de la chaîne, laquelle
abrite le cabestan qui tend la chaîne fixée dans un anneau à la tour Saint Nicolas en vis à vis, afin de clore l’accès au
port la nuit pour empêcher les invasions ennemies ainsi que les fraudes.
Selon certaines sources, ces deux tours devaient être réunies par une arche crénelée figurant une véritable
porte océane,
similaire à l’ouverture d’un fort. L’amorce d’une arche sur la tour saint Nicolas accrédite l’hypothèse, mais aucune gravure
ni aucun texte d'époque n’y fait référence. Elle n’a probablement jamais été construite et aurait mis en péril l’équilibre
des tours dont les fondations ne sont pas la roche mais des radiers formés de pieux de chênes enfoncés dans le marais et
stabilisés par des pierres.
En 1376, le mur du Gabut est aménagé alors que la mer allait précédemment jusqu’aux quais et un long parapet unit déjà en
1387 la tour de la Chaîne à une troisième tour, aujourd’hui disparue et remplacée. D’autres tours sont élevées : la tour de
Moureilles
(ou des privilèges) en 1399, où sont entreposés les registres et documents relatifs aux privilèges de la place
forte et à la gestion des échevins, la tour de la porte du Pérot qui permet de passer du port à la ville par deux ouvertures,
l’une pour les piétons, l’autre pour les carrioles.
Après la destruction du château de Vauclair en 1372, la justice est rendue dans un hôtel de justice et les deux dernières tours comprises dans l’enceinte font office de prisons, de même que l’hôtel de ville. L’hôtel de la monnaie migre sur la place du Château.
Dans le domaine spirituel, l’ancien monastère des hospitaliers du quartier Saint Jean est occupé en 1375 par les Carmes et les Augustins agrandissent leur monastère.
Par ailleurs les armes de la ville remonteraient officiellement à 1355.
Le blasonnement est de gueules à la nef d’or habillée d’argent, voguant sur une mer de sinople mouvant de la pointe, au chef d’azur, chargé de trois fleurs de lys d’or, sous la devise Servabor rectore Deo (Je serai sauvé sous la garde de Dieu). Le chef d’azur à trois fleurs de lys est un lien à la monarchie française, accordé aux villes autorisées à se faire représenter par leur maire lors des sacres royaux. La ville a aujourd’hui également pour devise : La Rochelle, belle et rebelle.
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