Les emblèmes existaient déjà mais les temps changent. Lors des guerres antiques, les opposants se distinguent par leurs accoutrements. Au moyen-âge, ce n’est plus le cas. Pire, l'avènement des casques d'inspiration normande, à nasal puis fermés, dissimule les traits des guerriers. Enfin, lors des Croisades, auxquelles participent diverses nations, l’identification est encore plus complexe. Les écus sont la solution parfaite.
Dès le XI° siècle, les emblèmes deviennent des armoiries (par leur usage constant et des règles précises de transmission). Certains seigneurs de France, Angleterre et Pays-Bas les adoptent et les adaptent à l'équipement militaire.
Au début du XII° Siècle, les armoiries s’imposent par nécessité (la plus ancienne connue est celle de Geoffrey Plantagenêt représentant six lions).
Dès 1120-1130, le sceau équestre au gonfanon à motif géométrique apparaît. Les figures naturalistes suivent en 1130-1140. Au milieu du siècle, les personnalités puissantes utilisent un sceau nettement armorié. Dès lors les armoiries deviennent également une marque de propriété et un justificatif légal.
Les blasons sont d'abord des symboles personnels, les bannières sont utilisées par des groupes, les soldats copiant celles de leur seigneur. Ils deviennent ensuite héréditaires et usés par tous les membres de la famille de caste guerrière.
A la fin du XII° Siècle, l'usage des armoiries s'étend aux femmes, aux clercs et à tout autre membre des familles, notamment par l'intermédiaire du sceau. Tous les blasons sont alors bichromes et plus de la moitié ont des motifs animaliers.
Au XIII° Siècle, toute la noblesse occidentale est déjà pourvue et les villes arborent leur propre blason (Le plus ancien est celui de Cologne, dès 1149).
Depuis la fin du XII° et jusqu’au début du XIV° siècle, c’est l’âge d’or des blasons, qui ne sont pas encore influencés par les hérauts d’arme ni par une législation restrictive des souverains.
Le rôle militaire prédomine en France, en Angleterre, en Écosse, sur les territoires du Benelux, en Allemagne Rhénane et en Suisse. L’apparition est plus tardive en Espagne, en Italie, en Autriche, en Europe centrale, en Allemagne orientale et en Scandinavie. Elle demeure marginale en Hongrie et en Pologne.
La fin du XIII° siècle voit naître les premières compilations. Une réglementation s'impose et les hérauts d’armes sont désormais nécessaires. Vers 1300, il existe un répertoire presque complet. Cinquante ans plus tard, il est stabilisé. Les brisures, qui sont apparues dès le XII°, sont alors érigées en système.
Au début du XIV° Siècle, les blasons prolifèrent, les corporations, les abbayes (ce qui était rare jusqu’alors), la bourgeoisie, les universités, les femmes, les artisans et même des paysans créent leurs propres armoiries.
Ces derniers marquent ainsi leur propriété mais n’adoptent pas la forme de l’écu. La cavalerie supplante du reste la piétaille et les boucliers ne sont plus nécessaires que lors des tournois.
Vers la moitié du XIV° Siècle, les timbres sont imaginés.
Aux XV° et XVI° Siècles, les conventions de l'usage des armoiries sont codifiées : Elles ne sont transmissibles que par les hommes et seuls l'aîné et les femmes peuvent reprendre celles du maître de famille, les armes pleines, auxquelles aucune brisure n’est apportée. Les puînés doivent les briser et aux bâtards est réservée tout particulièrement la barre. La fille mariée peut indifféremment conserver celles du père ou adopter celles de son époux.
Dès le XVI° siècle, les souverains ont le monopole de la concession des armoiries. En 1535 s’affirme la fiscalité souvent répétée mais évidemment peu populaire et rarement appliquée. Par l’édit de novembre 1696 de l’armorial général, tout enregistrement ou modification est accompagné d’un droit d’enregistrement. L’arrêt du 3 décembre 1697 précise, lors d’un recensement, que quiconque prétend à un blason a huit jours pour le déclarer. Après s’imposeront des attributions d’office.
Ce texte éveille des rebellions. En 1700, il ne s’applique plus aux pauvres. Vers 1710, il ne s’applique plus du tout.
A la révolution, alors que la moitié des armoiries françaises est roturière, l’abolition en est décrétée le 19 juin 1790, comme « signe de féodalité » et « marque de noblesse ».
Avec le premier empire, en 1804, revient par la création de la légion d’honneur une caste de privilégiés semblable à une noblesse personnelle. Une grande rigueur et des représentations naturaliste, domestique et militaire sont imposées, mais cette rigueur et les blasons trop chargés font que l’ensemble disparaît après les Cent jours.
En 1814, les anciennes armoiries peuvent être reprises. Jusque vers 1830, elles suivent les mêmes règles qu’auparavant. Par la suite, et jusqu'à ce jour, il n’y eut plus guère de règles, sinon ne pas reprendre des armoiries déjà existantes.
Au XXI° siècle, les armoiries ne sont pas tombées en désuétude. En Suisse, les armes des vingt-quatre cantons sont toujours obligatoirement apposées sur les plaques minéralogiques. En France, les villes les revendiquent. Elles apparaissent sur nombre de supports et jusque dans les plates-bandes communales fleuries.
Les blasons et les armoiries suivent des codes sociaux qui visent à marquer l’identité et la personnalité. Elles ont longtemps été intelligibles par tous. Elles demeurent un outil précieux pour les historiens qui relèvent ainsi les successions, les commanditaires d’œuvres, les auteurs de décisions, la provenance géographique de biens...
La multiplication, ainsi que le nécessaire caractère d'exception de chaque armoiries, passe par une extrême variété de figures. Néanmoins, il ressort des formes des écus, des partitions, des pièces et des meubles et de leur fréquence, une aisance d'identification et de compréhension.
Jamais il n’y eut de normes strictes d’emploi du blason. Les modes, les identifications géographiques, chronologiques ou sociales passagères ont toujours prédominé, en dépit des tentatives de législation.